«J'ai été violé par un prêtre.» Cette confession est celle de Joël Devillet, 35 ans aujourd'hui, qui a voué une grosse partie de sa vie à Dieu. Durant son enfance, il tombera malheureusement sur un prêtre un peu trop affectueux envers les enfants... Joël sera victime d'abus sexuels, entre 1987 et 1991, à Aubange.
Vingt ans plus tard, il se bat toujours pour que justice lui soit rendue. Car si les faits ont été prescrits au pénal par le tribunal correctionnel d'Arlon en 2004, Joël a introduit une autre plainte, au civil cette fois, contre l'évêque de Namur, Monseigneur Léonard. Joël estime que ce dernier n'a pas tenu tous ses engagements envers lui.
Lorsqu'il est entré au séminaire de Namur en 1994, on l'a invité à suivre une thérapie. Puis on lui a promis de prendre en charge le coût de celle-ci en échange de son silence. «Cela n'a jamais été fait, affirme Joël Devillet, qui publie aujourd'hui un livre sur son calvaire - Violé par un prêtre - aux Éditions de l'Arbre. J'ai ensuite été viré du séminaire.» À cause d'un mauvais profil psychologique ou suite à une intervention de l'évêque?
Joël penche pour la deuxième solution. Il a porté plainte au civil à Namur. Récemment, le tribunal a débouté Joël en ce qui concerne le dommage matériel consécutif à la perte de trois années académiques. Le tribunal estime qu'il n'a pas apporté la preuve que son licenciement du séminaire est dû à l'évêque. Par contre, pour le préjudice moral et psychologie, le tribunal namurois n'a pas statué et attend le résultat d'une expertise, ordonnée par le tribunal civil d'Arlon, qui examine les éventuels dommages moraux à l'égard de Joël dus par son abuseur. Georges Huercano retrace tout cela dans un reportage sensible. «J'ai été touché par cette histoire. L'attitude de l'évêché et de la Justice est trouble. Je ne comprends pas qu'il n'y ait pas plus de clarté.»