Un prêtre accusé d’attouchements a-t-il été réhabilité par l’Église avant ses funérailles à Éghezée? C’est tout l’inverse, assure
l’évêché.
De son vivant, le curé Jacques G. a généré bien des controverses. Même son décès, le 5 février, n’a pas éteint la polémique, mais bien toutes
les procédures judiciaires à son encontre.
Ce prêtre et psychologue, arrivé de son Canada natal il y a quarante ans, a fait copieusement parler de lui en 2012. Dans une interview accordée à la presse, il expliquait
comment, via des thérapies centrées sur les «ondes Alpha», il parvenait à «guérir» l’homosexualité. Des propos qui ont fort logiquement heurté pas mal de monde, également au sein
de l’Église.
En 2016, la justice commencera à s’intéresser à son «cas». À notre journal, un trentenaire expliquera comment il avait été victime, en 2002, des agissements du prêtre
hesbignon. Fragile, un peu perdu, le jeune homme s’était à l’époque tourné vers ce drôle de thérapeute. Et, selon le plaignant, les séances avaient progressivement pris une tournure inacceptable.
Le curé était ainsi accusé d’exercer une emprise psychologique sur son patient pour se livrer ensuite à des attouchements, des attitudes de plus en plus malsaines.
Suite à ces révélations, la Justice
namuroise décidera d’indaguer. De nombreux devoirs d’enquête seront menés. Parallèlement, l’Évêché va prendre des mesures à l’encontre du curé controversé. En 2016
et 2017, monseigneur Van Cottem, évêque de Namur, interdira, par décret, au curé Jacques G. l’exercice du ministère sacerdotal mais aussi celui de son métier de psychologue. Du côté de l’évêché
de Namur, on explique avoir voulu prendre des mesures «de précaution» qui devaient aussi respecter la présomption d’innocence. Délicat équilibre à trouver.
Mais l’Église a-t-elle finalement
réhabilité le Jacques G., comme ont pu le laisser croire les paroles prononcées par l’abbé Crépin (lire plus bas), le jour des funérailles du prêtre canadien?
«Ce n’est absolument
pas le cas», tranche d’emblée le chanoine Jean-Marie Huet. «En 2019, nous avons recueilli une nouvelle plainte à l’encontre du même prêtre (Jacques G.). Les faits étaient
similaires. Il était question d’emprise psychologique et d’attouchements.» Et toujours sur une personne majeure mais mentalement fragile à l’époque des faits. «Nous avons donc tout transmis
à Rome.» Et c’est le Vatican qui s’est visiblement retrouvé à la manœuvre, adoptant une tactique particulière. Le 3 février, les autorités romaines sortaient un premier décret
qui annulait les mesures prises en 2016 et 2017 par l’évêque de Namur à l’encontre de Jacques G. Ce dernier, appuyé par un avocat, avait en effet contesté ces décisions. Il exigeait le rétablissement
de ses droits. Rome a donc d’abord voulu faire table rase de cette première procédure avant de sortir un second décret daté du 4 février dernier. Et dans ce dernier, les interdictions étaient plus sévères
et étendues: le curé ne pouvait plus assurer l’accompagnement spirituel ou pastoral des fidèles. «Nous attendions une décision finale de Rome. Et celle-ci aurait pu tomber trois mois plus tard.»
l'avenir Namur 07.03.2020