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Belgique : Quand l’ex-futur cardinal Léonard règle ses comptes… 19.05.201

Rancœur ? Colère ? L’entretien qu’a donné Mgr Léonard au journal Le Vif/L’Express à l’occasion des dernières fêtes pascales ne laisse aucune place au doute. L’archevêque de Malines-Bruxelles n’a visiblement toujours pas digéré de n’avoir pas été créé cardinal au dernier consistoire et il a sorti la sulfateuse pour dégommer… le pape François ! Il n’attaque pas l’évêque de Rome frontalement bien sûr : il préfère s’en prendre à François d’Assise et à « cet esprit franciscain qui célèbre sans nuance les beautés de la création ».

 

« Je ne suis ni jésuite, ni franciscain, et j’en suis fort aise ! », affirme le primat de Belgique, poursuivant : « J’ai mes réserves vis-à-vis de saint François . » Evidemment, devant l’effarement du journaliste, il explicite ainsi : « Beaucoup [dont le pape argentin, NDLR] l’admirent parce qu’il a chanté la beauté de la nature et prêché aux oiseaux (…) En réalité, la vie des humains et celle des animaux est tragique. La vie animale est une boucherie, une entretuerie. C’est bien gentil de prêcher aux oiseaux, mais quand ceux-ci voient un ver de terre, ils le déchiquettent. » Mgr Léonard, « ver de terre », reprocherait-il au pape, « oiseau », de le « déchiqueter » lui qui, pourtant, se comporte de la même manière avec ceux qu’il n’aime pas ?

Et, décidément très spirituel, de poursuivre en tournant en dérision la prière franciscaine : « Béni soit notre frère le vent’, clame-t-il. Encore que, si ce vent souffle à 300 kilomètres à l’heure, ce n’est pas un frère très commode. C’est plutôt un ennemi. Notre frère le feu, on l’apprécie dans l’âtre qui chauffe la maison, pas dans les forêts incendiées. Et heureusement que saint François ne bénit pas nos frères crocodiles et serpents ! » Pour lui « la création nous nourrit, mais elle nous tue. Elle contient tous les virus qui nous empoisonnent la vie ». Comme Paul aux Romains (8, 18), il considère la création comme « assujettie à la vanité » et « livrée à l’esclavage de la corruption ». Cette vision « apocalyptique » tranche et s’oppose violemment à la théologie développée par François depuis son élection, qui pose – à la grande différence de son prédécesseur et de Mgr Léonard – un regard plus positif sur le monde (tout en restant ferme sur la morale et la doctrine). Fadaises que tout cela, pour l’archevêque de Malines-Bruxelles qui trouve ici l’occasion de dire tout le mal qu’il pense du discours papal qu’il cherche à décrédibiliser. Cette attaque en règle du Poverello est une réponse au pape argentin (comme le limogeage du Père Aillet), deux mois après le consistoire qui ne l’a pas créé cardinal alors que celui-ci « l’espér[ait] ». Une règle non écrite depuis un siècle et demi veut, en effet, que l’archevêque de Malines-Bruxelles devienne cardinal. Or, le pape Bergoglio fait fi de toutes ces « obligations ». C’est ainsi que furent absents de son premier consistoire le patriarche de Venise, celui de Lisbonne ou encore, le primat de Belgique, considérés comme « cardinaux de droit ». Déjà âgé (il aura 75 ans l’an prochain),
Mgr Léonard – qui voyait dans la barrette cardinalice son bâton de maréchal – sait très bien qu’il n’a plus aucune chance de la coiffer ! Le seul cardinal belge (à ce jour) reste donc Mgr Danneels, émérite de Malines-Bruxelles, désormais non-électeur en cas de conclave (il a atteint ses 80 ans en juin dernier). Ce dernier – qui n’a jamais caché son peu de sympathie pour son successeur et qui fut un cardinal influent lors du dernier conclave – n’est sans doute pas pour rien dans cette « non-création » (à noter que l’entretien ne tourne qu’autour du mot création, mot également employé pour la nomination des cardinaux). Mgr Léonard l’a encore au travers de la gorge et c’est pourquoi il s’en prend ainsi au pape.

Faut-il rappeler que l’arrivée du cardinal Bergoglio sur le siège de Pierre n’a pas déclenché un enthousiasme béat chez Mgr Léonard qui s’est toujours senti plus en adéquation avec son ami Benoît XVI (qui l’aurait sans doute vêtu de pourpre s’il n’avait pas renoncé) ? Cette dernière sortie sur l’inspirateur du pape prouve l’aigreur et la grande déception de Mgr Léonard, qui voyait dans le cardinalat un dû, un honneur, une récompense. Des notions que rejettent justement le pape François !

 

 

 

 

 

 

«Léonard est malin, il va dans le sens du vent»

Rédaction en ligne Le soir
Mis en ligne mercredi 30 octobre 2013, 23h39

Christian Terras est le rédacteur en chef de la revue critique des religions, Golias.

Mgr Léonard est-il en train de s’adoucir ?

Tout d’abord, passer du diocèse de Namur à celui de Bruxelles l’a amené à avoir des propos plus retenus. Alors qu’à Namur, il suivait son tempérament et créait alors des polémiques toutes les deux semaines, il a dû prendre en compte la réalité géopolitique d’une métropole comme Bruxelles et adopter une posture plus en retrait.

Quid de l’influence du pape François ?

François ne correspond pas du tout à sa vision de l’Eglise, qu’il retrouvait par contre parfaitement dans l’architecture dogma-doctrinaire prônée par Benoît XVI. Mgr Léonard ne se réjouissait donc pas du tout de l’arrivée d’un pape au profil pastoral de proximité. Cependant, force est de constater que dans l’Eglise catholique, il existe une forme de mimétisme, de légitimisme, qui fait que, même après un moment de difficulté, tous vont se mettre en rang pour rentrer dans les clous.

L’archevêque s’adapte... avec intérêt ?

Léonard est rassuré, car même si François n’est pas sa tasse de thé, il donne un verrouillage doctrinal en gage de sa couverture médiatique. Léonard a donc beau jeu de reprendre à son compte un élément de langage qui fait l’unanimité, en s’appuyant sur la garantie qu’il n’y a pas de changement de doctrine. Il est très malin, il va dans le sens du vent. Avec, en arrière-pensée, le départ à la retraite de Danneels, qui lui laisse la voie libre pour devenir cardinal. Car monseigneur n’est pas insensible aux honneurs...